Le massacre de la Gasne du Clos

Le massacre de la Gasne du Clos.

Juin 1944 : la division Das Reich remonte vers le front depuis Montauban en suivant la RN20.

La libération de Guéret le 07 juin par la compagnie FFI « Armée Secrète » organisée par Maurice Chaumeil, instituteur à Montboucher, combattant de 1940 et capitaine de réserve, amène le commandement allemand à modifier l’ordre de marche de la division.

Le 08 juin, dans la journée, le 3°bataillon du régiment Der Führer reçoit l’ordre de se diriger vers Saint Léonard.

Le 09 juin, le bataillon reprend sa progression vers Guéret pour boucler la ville par le sud.

Il est arrêté une première fois à Sauviat/Vige par la destruction du pont et une première escarmouche par les maquis creusois.

Sous la menace de l’exécution d’otages et de destruction du village, les hommes de Sauviat-sur-Vige doivent construire en urgence un pont provisoire pour permettre le passage des éléments lourds du bataillon blindé.

Quelques kilomètres plus loin, une nouvelle opération de retardement est préparée dans les grands virages bloqués par des troncs d’arbres, de la Gasne-du-Clos à Montboucher.

3 hommes : Louis Champême, Raymond Chambinaud et Marcel Ridoux sont tués près du village des Frédoux.

 Compte-rendu allemand (Michel Baury op. cit.) : « l’adversaire, déjà en retraite, a été rattrapé par des éléments dispersés (un camion avec 12-15 hommes), près de la Besse et pris sous le feu d’une pièce motorisée de 7,5 cm. Le groupe de tête n’a pu que constater la présence de 3 tués près du camion et a pris trois pistolets mitrailleurs anglais. La plus grande partie de l’arrière-garde en fuite a réussi à se réfugier dans la forêt proche ».

Témoignage de Maurice Chaumeil (ADIRP 87 op. cit.) : « Le 9 juin 1944… une délégation de ma compagnie FFI, stationnée à Bourganeuf, devait rendre les honneurs aux obsèques à Saint-Pierre-Chérignat de Jacquet, ex PGA, tué à mes côtés, le 7 juin 1944, à Guéret, par les miliciens. Cette délégation a quitté Bourganeuf dans la camionnette au « gazo » de l’adjudant FFI Chautard Fernand qui la conduisait. Je devais effectuer le trajet en moto pour passer chez moi, prendre une autre tenue militaire plus présentable que celle que je portais tous les jours. En route je dépassai facilement la camionnette de Chautard. Quand je quittai la RN 141, à la Gasne du Clos, une colonne blindée allemande stationnait au chemin ferré, faisant mouvement vers Bourganeuf. A son arrivée au tournant de l’étang, elle vit sans doute la camionnette virer sur le CD 44 et quand elle fut à la hauteur de la grange de M. Bertrand, elle prit sous son feu le lent véhicule FFI qui montait péniblement la côte, et d’un tir direct elle l’immobilisa pendant que d’autres engins la rejoignaient immédiatement. On ne peut pas dire qu’il y eut combat, mais surprise totale. Des FFI blessés seul Chautard, la rotule du genou brisée, réussit à gagner le bois, les genêts et un champ de blé où il s’immobilisa hors de la vue de l’ennemi. Parmi les autres FFI quatre réussirent à se dégager mais les trois blessés Chambinaud, Champême et Ridoux ne purent se cacher assez vite et l’ennemi les découvrit. Ces FFI arrêtés furent ramenés près de la camionnette puis achevés et brûlés et quand un instant après les derniers coups de feu et après le départ des Allemands, je me trouvais sur les lieux, je ne vis que des cadavres horriblement calcinés à côté de la ferraille brûlée elle aussi. Ma version est véridique et les soldats FFI doivent être considérés comme achevés et carbonisés par les troupes d’opérations allemandes ».

Il semble donc bien que les trois maquisards, blessés, aient été achevés par les troupes allemandes et leurs corps rassemblés, brûlés sans doute au lance-flammes.

Louis Champême est né le 22 novembre 1903 à Bourganeuf. Il était le fils de Louis Champême menuisier à Bourganeuf et de Françoise Parpeix couturière. Il se maria le 3 avril 1926 à Fontenay-sous-Bois (Seine, aujourd’hui Val-de-Marne) avec Madeleine, Simone Legrand (née en 1902 à Paris). Au recensement de 1936, il résidait avec son épouse et sa fille Ginette née en 1929, à Bourganeuf, 21 rue du Puy, où il exerçait la profession d’ouvrier électricien. Mobilisé en 1939, il fit la campagne de 1940.
Il s’engagea dans la Résistance rejoignant les maquis du sud de la Creuse, dans le secteur de Bourganeuf. Il intégra la compagnie Chaumeil de l’Armée Secrète y devenant sergent FFI. Il fut inhumé à Bourganeuf et obtint la mention « Mort pour la France » en août 1945. Son nom figure sur le monument aux morts de Bourganeuf et sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret.

Raymond Chambinaud est Né le 21 novembre 1921 à Saint-Dizier-Leyrenne (Creuse). Il était le fils de Léon Chambinaud cultivateur maçon et d’Eugénie, Léonie Bourrique. Son père (né le 29 janvier 1891 à Chatelus-le-Marcheix), fut mobilisé en août 1914 et fit toute la première guerre mondiale dans l’infanterie, démobilisé le 13 juillet 1919. Ses parents se marièrent le 30 octobre 1919 à Saint-Dizier-Leyrenne. Raymond fut leur fils unique et, célibataire, résidait en 1944 avec ses parents au lieu-dit Chauverne, commune de Chatelus-le-Marcheix (Creuse).

Il s’engagea dans la Résistance le 6 juin 1944 rejoignant les maquis du sud de la Creuse, dans le secteur de Bourganeuf. Il intégra la compagnie Chaumeil de l’Armée Secrète.

Raymond Chambinaud fut déclaré « Mort pour la France » en novembre 1945. Son nom figure sur le monument aux morts de Chatelus-le-Marcheix (Creuse) et sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret

Marcel Ridoux Né le 10 décembre 1922 à Saint Goussaud (Creuse), était le fils d’Édouard, Barthélémy Ridoux, cultivateur à Saint Goussaud et d’Alice Barraud. Son père, né le 10 août 1898 à Saint Goussaud fut mobilisé en mai 1917 dans un régiment d’infanterie et fut promu caporal en septembre 1918. Démobilisé en juin 1920, il revint à Saint Goussaud où il se maria le 12 mars 1921 avec Alice Barraud. Deux fils y naquirent Henri en décembre 1921 et Marcel en décembre 1922. En novembre 1922, Édouard Ridoux s’engagea dans la gendarmerie, entrant à l’école préparatoire de Mamers (Sarthe) fin novembre 1922, puis gendarme à pied en Limousin et Auvergne (12° et 13° légions de gendarmerie). Il fut promu sous-officier de carrière en avril 1928. Après 15 ans d’activité il prit sa retraite de militaire et devint en février 1938 commis du Trésor à la perception d’Olivet dans la périphérie sud d’Orléans (Loiret). La famille habitait alors 48, rue de la Cigogne à Orléans.
Réfractaire au STO, il s’engagea dans la Résistance rejoignant les maquis du sud de la Creuse, dans le secteur de Bourganeuf (son frère Henri était alors gendarme à Aubusson). Il intégra le 6 juin 1944, la compagnie Chaumeil de l’Armée Secrète.

Marcel Ridoux fut déclaré « Mort pour la France ». Il reçut à titre posthume la Médaille de la Résistance par décret du 23 juillet 1965. Son nom figure avec celui de son frère sur le monument aux morts de Saint Goussaud et sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret.

 

Un monument commémoratif avec une stèle à leurs noms a été édifié au Fredoux sur la route qui mène de la Gasne-du-Clos au bourg de Montboucher.