Joseph de Léobardy
A la fin du XVIII° siècle, après avoir été la propriété de la famille d’Aubusson de Bourganeuf, le château de Védrenas appartient désormais à la famille Jaucourt puis par le jeu des alliances et des héritages à la famille de Léobardy.
Professeur de médecine, doyen de la faculté de médecine, médecin-chef de l’hôpital de Limoges, Joseph de Léobardy*, né en 1889, mort le 06 mai 1983, est le premier en France à avoir pratiqué des pneumothorax dans les années 20 et avait publié des études sur la silicose, maladie qu’il fit inscrire au catalogue des accidents du travail.
Joseph de Léobardy* avait épousé Marguerite née Gérardin (1893-1990) et ils avaient deux enfants, dont Jean-Pierre, né en 1919, décédé à l’âge de 9 ans,en 1928.
Pendant la Seconde guerre mondiale, le professeur continua à employer des médecins juifs au mépris des lois raciales de Vichy. Il trouva du travail à de nombreux étudiants juifs dans son école de médecine, afin de leur permettre de poursuivre leurs études.
Le docteur Marcel Leibovici, un juif de Roumanie, et le docteur Marschutz, juif allemand, sont de ceux qui lui doivent la vie.
– Le professeur Joseph de Léobardy* prit le docteur Marcel Leibovici comme assistant sans se soucier de l’interdit de Vichy. Il le traita d’égal à égal et lui demanda de remplacer un médecin malade dans un autre hôpital du département. Un jour, prévenus par un dénonciateur, des agents de la Gestapo se présentèrent à l’hôpital pour arrêter Marcel Leibovici. Joseph de Léobardy* envoya quelqu’un le prévenir de se cacher, et refusa de le trahir, malgré les menaces proférées contre lui.
– Le docteur Marschutz, ancien directeur de l’hôpital juif de Munich, avait été arrêté en Allemagne alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays. Déporté à Dachau, il réussit à s’en échapper. Malgré ses blessures, il parvint à gagner la France et l’hôpital dirigé par Joseph de Léobardy. Ce dernier lui permit de créer un petit laboratoire et lui versa un salaire normal.
En 1942 le Dr. Marschutz fut arrêté une nouvelle fois et interné au camp de Nexon, près de Limoges. Grâce à l’aide de l’inspecteur de police Noltz, le professeur put obtenir sa remise en liberté. Très malade, le médecin resta alité quatre mois chez lui; ensuite il fut admis à l’hôpital par Léobardy et y resta jusqu’à son décès deux mois plus tard. Le professeur assuma lui-même les frais d’hospitalisation de son collègue non couverts par son assurance et, lorsque la veuve du docteur Marschutz voulut le rembourser, il refusa.
Le 11 mai 1980, Yad Vashem a décerné au professeur Joseph de Léobardy* le titre de Juste des Nations.
Son oncle : Charles de Léobardy est un notable limousin né Guillaume Frédéric Charles Ferdinand de Léobardy, le 12 janvier 1821 à La Jonchère-Saint-Maurice en Haute-Vienne, et mort dans cette commune le 2 mars 1903. Il fut maire de la Jonchère et conseiller général de Laurière.
Il est considéré comme un des principaux instigateurs de l’amélioration de la race bovine limousine. Sur la grande propriété qu’il hérite de son père et qui est travaillée par des métayers (Le Vignaud à La Jonchère), il met en place des méthodes de sélection qui permettront d’améliorer de manière significative la conformation de ses animaux. Son étable est récompensée 265 fois entre 1853 et 1896, avec notamment un grand prix d’honneur toutes races confondues lors de l’Exposition universelle de 1889. Après la création du herd-book limousin, il devient en 1893 président du syndicat de la race bovine limousine.
Ci-dessous : discours lors de la visite de Charles de Léobardy au château de Védrenas, extrait du recueil « le fond du sac » – 1902 – Paul Riffattere, curé de Montboucher de 1865 à 1905
A M. Charles De LEOBARDY
Maire de la Jonchère, en visite à Védrenas, 1885.
Autrefois, tout noble château,
A chevalier couvert de gloire, Ouvrait ses portes dit l’histoire ; Et le héros, sous le manteau De l’âtre immense à vives flammes, Charmait enfants, seigneurs et dames, Par ses propos s’intérêt pleins. On l’écoutait comme un oracle, Et sa présence, sans miracle, Portait bonheur aux châtelains.
Sans pont-levis, ni tour gothique, Védrenas, site poétique, Est pour les siens hospitalier ; Et l’oncle est notre chevalier. Cet esprit droit, instruit, aimable, Par plus d’un récit estimable, Chassant mélancolique humeur Et mainte alarmante rumeur, Sait aux peureux donner courage Et des méchants brider la rage |
Ici, chez lui comme en tout lieu,
Il fait aimer l’Église et Dieu. De la Jonchère il est le maire ; De tous le conseil et le père ; Et grands, petits, chacun redit : « Vive Charles Léobardy ! » Puisse, à Védrenas, son passage Changer notre temps à l’orage, (*) Et nous procurer, de longs ans, Ses entretiens divertissants ! (*) A cette époque, le ciel était chargé de nuages, et la foudre faisait sabbat dans l’air. Tout le monde tremblait de crainte et d’émotion. De à ce souhait de beau temps. |